September 1, 2022

Verbal violence: methodological constraints and multidisciplinary contribution

LOKOGANDHAR ISSN : 2582-2705
Indigenous Art & Culture

Mr Nabil ERRAJI

Laboratoire Langage et Société- URAC56, Université Ibn Tofaïl, nabil.erraji@uit.ac.ma

Résumé : la problématique traitée dans cette contribution interroge en premier lieu les problèmes méthodologiques relatifs à l’éthique et l’authenticité de la collecte du corpus autour de la violence verbale et en deuxième lieu, elle se demande comment cet objet de recherche présente une complexité heuristique dans le sens où son appréhension exige l’implication de plusieurs regards épistémologiques. Dans ce sens, un regard sociolinguistique restreint s’avère insuffisant car la démarche scientifique ne peut guère tendre vers l’économie mais à une confrontation interdisciplinaire, voire pluridisciplinaire à même d’expliciter les caractéristiques du langage invectif.

 

Mots clés : Violence verbale – interdisciplinarité – pluridisciplinarité – interaction verbale           

Introduction

S’il est évident que le discours violent est l’une des formes de productions saillantes qui marquent toutes les sphères de l’activité langagière de la société, il n’en reste pas moins vrai qu’il suscite l’intérêt des analystes du discours par ses formes aussi bien latentes que patentes. Les joutes verbales ainsi que les confrontations entre les gens présentent les réactions du groupe face aux idéologies qui s’affrontent avec les données du territoire et de face. Quand tout cela est mis en jeu, les enjeux de la violence se manifestent. Dans cette optique, chaque interaction est une manifestation d’une activité sociale marquante d’une structure consensuelle ou conflictuelle. Le terrain violent s’apparente à une mosaïque riche et multiple. Il couvre un florilège de formes du discours invectif qui diffère selon les situations d’interaction. L’oral et son corollaire l’écrit présentent les deux formes de corpus qui intéressent les chercheurs. Ceux- ci se penchent à déterminer avec une précision heuristique les caractéristiques et les processus du langage cru.

Dans cette perspective, la violence verbale (Bellachhab Abdelhadi et galatanu Olga,2012) se définit comme étant :

« L’expression/ l’explicitation d’une intention de communiquer quelque chose de valeur axiologique négative est le trait le plus saillant de la signification comme dans le cas de menacer, insulter, injurier, invectiver, maudire, accuser, reprocher, critiquer…etc. »[1]

Nous nous attacherons ici en premier abord aux contraintes de collecte et d’analyse de corpus visant l’explicitation et l’analyse du discours à caractère violent. Ensuite, nous analyserons plus succinctement cette optique du point de vue de l’interdisciplinarité et de la multimodalité sous le prisme de l’analyse textuelle de Jean Michel Adam et tout en prenant pour exemple une observation faite lors de notre recherche sur la violence sur les réseaux sociaux (ERRAJI, 2021) et l’emploi des émoticônes qui jalonnent les commentaires virulents. De fait, des questions saillantes par rapport au statut éthique du chercheur s’imposent avec véhémence dans le recueil de corpus concernant « la violence verbale ». Il s’avère difficile de recueillir ce type de corpus à cause du caractère spontané de l’énonciation axiologique négative. Ce fait emporte un panel de questions :

  • Pouvons-nous, éthiquement, être capable de cerner les émotions négatives après la réception d’énoncés verbalement violent chez autrui pour les bénéfices d’une recherche pluridisciplinaire ?
  • Par quel procédé de recherche pouvons- nous noter les interactions violentes après coup pour en rendre compte ?
  • La construction des corpus issus d’interactions sur Facebook est-elle toujours authentique ?

L’embarras systématique et éthique que nous tentons d’aborder ici est celle qui concerne les recherches en Sciences du Langage une fois que nous ambitionnons d’étudier des phénomènes langagiers, discursifs, qui se produisent généralement de façon spontanée et imprévue, dont la réalisation de violence verbale est un exemple patent. La deuxième question étant en corollaire avec la première dans la mesure où elle tente d’examiner l’interdisciplinarité et les passerelles heuristiques d’une étude multimodale grâce au rapprochement avec d’autres épistémologies, pratiques, méthodologies et habitudes de recherches dans d’autres champs de recherche.

Contraintes méthodologiques et éthiques : le corpus de la violence verbale

Nous avons entamé une recherche sur la violence verbale pour notre projet de fin d’étude de Master sous l’égide de Madame Hafida EL AMRANI2. L’idée nous est venue de Claudine Moise3 et son groupe après leur intérêt porté sur le discours violent (Auger et al. 2008 ; Moïse 2011, 2012 ; Fracchiolla et al. 2013) et l’identification des processus, voire les mécanismes de l’attaque courtoise (Fracchiolla 2011 ; Fracchiolla & Romain 2015) sans oublier les différents travaux de notre laboratoire4 qui nous ont été d’une grande utilité pour s’initier à la recherche. Si intéressante que soit la problématique qui nous a animé, la contrainte du corpus est apparue dès les premiers moments de notre immersion dans le terrain de recherche. L’authenticité de la collecte d’un corpus oral s’est avérée difficile dans la mesure où les échanges virulents sont des moments fulgurants que l’enquêteur ne peut pas figer par écrit où moment de leur réalisation. Les émotions négatives qui émaillent la réaction nécessitent une grande attention car elles présentent les conditions indispensables à la saisie de sens des énoncés. Ces éléments à notre sens circonscrivent les contours de la situation d’interaction et définissent les différentes formes de l’échange dans le sens où le verbal, le non verbal et le paraverbal concourent ensemble pour construire un mode de signification propre à la situation d’énonciation. Les formes de la valeur axiologiquement négative à l’image de la menace, la colère, la frustration et l’exaspération deviennent des manifestations flagrantes difficiles à cause de la nature d’objet de la recherche. Lors de l’interaction, la violence verbale n’est pas une manifestation aisée, sinon facile à piéger par un chercheur qui devrait avoir moult chances pour observer les moments d’échanges oraux en temps réel avec le matériel à la main.

Par ailleurs, dans les espaces publics, et pour peu que le chercheur soit un protagoniste, le moment propice pour saisir les moments de la montée en tension dans le dessein d’étudier les différentes réalisations depuis les prémices et se terminent par de la violence tient au hasard. Tout l’enjeu est sur les dimensions prosodiques et le changement de ton qui accompagnent les moments de dérapage (Auger & Fracchiolla 2010). Dans la même veine, les échanges captés sont en général des insultes et injures toutefois le contexte situationnel demeure indentifiable dans plusieurs cas. De fait, retracer le processus discursif virulent devient difficile, voire impossible pour cerner l’élément déclencheur du litige. Corrélativement, sur le plan éthique et déontologique, nous remarquons qu’enregistrer ou même retranscrire un tel corpus pose une

2 Professeure de l’enseignement supérieur et directrice du Laboratoire Langage et Société CNRST- URAC 56 à l’université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc.

3 Moïse, Claudine. 2012. Violence verbale, fulgurances au quotidien, DVD (deux fois trois heures) Montpellier Languedoc-Roussillon : Crdp

4 La revue des Langues, Cultures et Société a abordé le sujet de la politesse dans son deuxième volume à sa deuxième publication en 2016.  

série de contraintes à l’image de la violence en elle-même en tant qu’état psychologique. La sensibilité de réception de la violence diffère d’une situation à une autre ce qui altère peu ou prou les analyses proposées. Le problème se pose aussi pour le chercheur qui se trouve dans un dilemme méthodologique : celui d’être un spectateur ou un participant à l’interaction. Une description réelle et fidèle de la violence verbale sous sa forme orale implique l’enregistrement d’un micro-événement authentique à même de rendre compte des différentes caractéristiques du discours violent. Déclencher une propre altercation par soi-même pourrait être une solution  envisageable pour surmonter la difficulté de recueil d’un corpus authentique peu ou prou complet. Toutefois la question éthique s’impose avec acuité car la subjectivité du chercheur est à son paroxysme. En raison des contraintes méthodologiques pour l’étude de la violence verbale, la solution la plus utilisée reste la transcription des tours de paroles souvent de la mémoire mais directement après la situation observée. Convertir le corpus immédiatement est indispensable pour préserver ses éléments internes afin d’éviter toute fluctuation des données

ce qui peut biaiser les résultats et altérer la recherche. Dans ce sens le chercheur devient protagoniste passif de l’événement et il peut prendre dans la plus grande honnêteté scientifique les éléments de son corpus au moyen d’une observation participante.

Dans la même perspective, notre recherche a essayé de s’éloigner du corpus oral car c’était un terrain fragile nonobstant l’innovation des chercheurs (Fracchiolla & Moïse 2009 ; Fracchiolla 2015) qui ont essayé d’inventer des savoir-faire propres aux corpus de la violence verbale. L’objectif était de garder le plus possible l’authenticité des corpus recueillis c’est pourquoi nous avons attaqué le terrain des réseaux sociaux et les interactions des internautes. Le support écrit qui a pris la forme de commentaires sur les pages de Facebook a suscité aussi d’autres questions du même genre à l’image de l’identité des interactants et la véracité de leurs propos. Le monde virtuel des réseaux sociaux est un terrain miné dans le sens où les identités des commentateurs ne sont pas affichées. Tout un chacun peut créer un compte sans vraiment s’assujettir à la déclaration sur l’honneur qui reste facultative et se réduit à une case à cocher sans une obligation de lecture préalable. En toute état de cause, les problèmes d’ordre méthodologique ou déontologique restent les vrais obstacles qui entravent l’étude de la violence verbale et alternent les réflexions et les considérations qui ont été faites lors de notre recherche.

Actant, rationalité et idéaltype

Il semble que nous puissions dire que toute conduite langagière fait partie d’une interaction sociale et forme une partie d’un acte social global (George Mead 1968). Dans la même veine, le sens de groupe prend un aspect plus vaste dans la mesure où il échappe, dans diverses situations, aux normes des groupes sociaux traditionnels. L’exemple des groupes sur les réseaux qui interagissent en est un exemple flagrant. L’élément fédérateur qui les unit est tout simplement la maitrise de la langue de communication. Cela interpelle les types de conduites langagières et leurs relations aux normes de groupe. L’approche interculturelle dans les interactions (Kerbrat Orecchioni) était une des formes de travail pour saisir les échanges divers issus des interactants de cultures différentes. Dans la même perspective, « de l’école de Chicago, Jean Michel CHAPOULIE note que PARK et BURGESS introduisent une distinction entre “quatre grands types d’interaction : “la compétition, le conflit, le compromis et l’assimilation5. » (Messaoudi 2017). À partir de ces quatre formes d’interaction, les actants définissent leur conduite langagière selon des choix personnels complexes. D’ailleurs, la ligne d’action 6, adopté par l’actant, manifeste une image imprégnée de jugements et jugements des interactants. Pour cela, l’identité de celui qui viole le code et l’ordre de l’interaction devient une entité insaisissable à cause de l’anonymat du commentateur qui reste protéger derrière son appareil et s’évertue à attaquer sans être identifié. Cela a été explicité largement dans notre corpus sur la violence verbale chez les commentateurs (ERRAJI 2021).

5 CHAPOULIE Jean-Michel (2001), La tradition sociologique de Chicago 1892 –1961, Paris, Seuil, p. 108

6 Erving Goffman, (1974), les rites d’interaction, Paris, Minuit, p.10

Le concept de la rationalité semble aussi une question congruente qui s’impose dans l’étude de la violence verbale dans la mesure où la conduite de l’actant devrait avoir une certaine régularité issue de l’appartenance au groupe. L’idée d’homogénéité s’avère plus ou moins le fond commun qui ancre la conduite en un aspect culturel. Une connaissance s’est forgée au travers les échanges entre les gens et cela permet de préciser quelques constantes verbales et relationnelles. De même, par le biais de l’interaction, les participants extériorisent (Goffman 1974) des conduites rationnelles au regard de la communauté. Cela va dans le sens de la figuration et des pratiques défensives et protectrices. En rapport avec l’identité et ses formes multiples surtout en ce qui concerne les contraintes de l’étude de la violence verbale sur les réseaux sociaux, Goffman a adopté la même thèse de Mead7 selon laquelle : « nous scindons en toutes sortes de soi différents selon nos amis ». De fait, la contrainte de la rationalité nous interroge à bien des égards dans le sens où les éléments identitaires qui définissent les locuteurs deviennent imprécis. La sociologie en tant que discipline inspiratrice de la sociolinguistique invite à modéliser ses formes et concepts pour cerner la question du groupe sur les réseaux sociaux. Le fait de partager le code ne veut pas dire que le groupe a la même culture. Nous avons constaté lors de notre recherche la diversité des énoncés virulents qui émanent des commentateurs de toute la planète. Ce foisonnement d’idées tire au grand jour la défaillance des approches sociologiques et ses définitions classiques de l’entité du groupe. De même, l’approche durkheimienne définit la conscience collective en tant que fil d’Ariane qui regroupe le groupe sur des valeurs communes et des identités plus ou moins homogènes. Nous avons constaté lors de notre recherche l’impossibilité de conclure des vérités par les corrélations sociologiques. Le corpus suivant illustre les différents horizons des commentateurs qui ont interagi violemment contre Tarik Ramadan lors de sa présomption de viol :

« Un type qui tente d’abuser d’une gamine de 14 ans c’est un pédophile » ;

« Le vrai visage des frères musulmans ! ! ! ! ! ! » ;

« Oh le cochon !! 🐷 c’est pas très halal tout ça ! » ;

« Il est temps de tout dévoiler sur les attitudes de ce sinistre individu, violeur et pas du tout respectueux des femmes. » ;

« Bravo Tariq ! Non seulement tu te serres bien de ton cerveau (un peu moins ces derniers temps) mais apriori tu te serres encore mieux de l’outil que tu as entre les jambes ! » (ERRAJI 2021)

Dans la même perspective, l’idéaltype8 (Weber 1913) devient une notion floue, dans la mesure où le domaine de l’interaction est virtuel. D’où la difficulté de circonscrire une constante sur le comportement langagier des commentateurs violents. L’objectif de ces lignes aussi est d’expliciter les limites des cadres de recherche que nous employons et qui présentent certaines limites heuristiques flagrantes. La violence verbale peut être vue tel le point d’éloignement d’un degré zéro définit par un groupe social donné. C’est au moyen de ce décalage que l’intensité de l’acte véhément peut être détectée. L’absence d’un statut idéal qui pourrait permettre au chercheur de jauger l’outrance et le dérapage par rapport aux lignes de bonnes mœurs ou de la convenance a rendu les considérations peu ou prou subjectives. Considérer un acte violent est plus difficile dans le sens où la norme n’existe pas ou elle est indéfinissable dans des communautés pluriculturelles partageant une sphère de discussion sur le mode virtuel. Nous

7 George H. Mead, L’Esprit, le soi et la société, op. cit., p. 213.  

8 Weber propose la définition suivante « On obtient un idéaltype en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une multitude de phénomènes, donnés isolément, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre et par endroits pas du tout, qu’on ordonne selon le précédent point de vue choisi unilatéralement pour former un tableau de pensée homogène. On ne trouvera nulle part empiriquement un pareil tableau dans sa pureté conceptuelle : il est une utopie”.

avons pensé que les différents types de corpus relatifs à la violence verbale dans les domaines de la vie quotidienne interpelle une mise au point particulière pour pouvoir déceler les tenants et les aboutissants de l’objet de recherche. Dans ce sens les commentaires suivants présentent les différentes appartenances des commentateurs qui interagissent violement ce qui rend l’harmonisation d’un statut commun du violateur un peu difficile. (ERRAJI 202)

  • « Oui mais c’est permis par sa religion il paraît…☠ »
    • « Lapidation, pédophilie, le pays des libertés, c’est ce qu’il défend non ???? »
    • « Qu’il aille exercer ses fantasmes en Arabie saoudite là-bas tout est permis, viol »
    • « Laissez-le tranquille et parlez- nous du chaos qui règne en France ! »
    • « Faite ce que je dis mais pas ce que je fais… Car je ne suis pas un modèle ! »
    • « Et la présomption d ‘innocence qu’en fait vous ? Vous l’avez déjà condamné avant qu’ils ne soient jugé. Attendons le verdict définitif de la justice. »
    • « Aissatou Diallo visiblement les séquelles sont graves. 😁 »
    • « Et toi t’occupe pas des affaires du gouvernement de l’État et république de Genève »

Revoir les contraintes inhérentes à la recherche sur la violence verbale est un défi aussi bien heuristique que méthodologique qui suscite une réflexion particulière et de l’entraide de plusieurs champs de recherche. L’angle d’attaque de la violence verbale au sein des sciences du langage est une illustration patente des difficultés que rencontrent les chercheurs sur le terrain. Les sciences du langage sont invitées à lier des passerelles avec plusieurs points de recherche pour atteindre deux objectifs majeurs à nos regards : tout d’abord, la question de la complexité du fait linguistique dans le sens où il est plus compliqué que nous l’avons pensé. Ses corrélations avec les différents aspects de la vie amènent la question à la case de départ. Cette complexité implique un regard transdisciplinaire à même de rendre compte les différentes fluctuations de la langue. De même, les relations causales ou consécutives sur lesquelles se basent toutes les variables deviennent, à mon sens, caduques. La logique des choses est plus loin de ce qui est en train de se faire.

Violence verbale et pluridisciplinarité

À la recherche d’une approche créative, la violence verbale9 en tant que pratique saillante nous a interrogés à tous les niveaux. Nous avons pensé que trouver un juste milieu entre plusieurs ancrages théoriques seraient d’une grande utilité dans l’analyse de notre corpus. Toutefois le défi n’est pas de mobiliser plusieurs cadres théoriques mais de trouver la recette qui harmonise le regard heuristique du chercheur. De même, l’interaction entre les disciplines permet de susciter autres rapports occultes qui nécessitent des réflexions particulières. Nous exposons ici les plus importants regards théoriques qui tiennent une relation de près ou de loin avec la notion de la violence verbale. Notre intérêt est d’interroger l’apport de l’approche interdisciplinaire et pluridisciplinaire dans l’explication du discours violent. Nous savons que le « paysage est accidenté » 10 mais tout l’intérêt maintenant est de sortir des carcans d’un seul regard théorique où les disciplines sont cloisonnées. Mobiliser un panel de sciences pour concourir à expliciter un regard scientifique exhaustif demeure une ambition chimérique. Dans cette perspective, le cadre théorique de l’analyse du discours violent s’avère éclectique dans le sens où il puise dans la conception actionnelle et socio-pragmatique du langage (Austin 1962, Searle 1972, 1982).

9 En général, nous focalisons notre propos sur la violence verbale telle notion discursive.

10 Francine MAZIERE, (2005), L’analyse du discours. Histoire et pratiques, Paris, Presses Universitaires de France (Que sais-je ?), page 3.  

L’intérêt est porté aussi aux discours en situation afin d’analyser la construction interactive de l’interprétation (Bakhtine 1977) dans le cadre de l’interaction conflictuelle. L’étude de la violence verbale a mobilisé aussi d’autres regards heuristiques congruents à l’image de l’analyse conversationnelle (Sacks, Schegloff et Jefferson, 1974 ; Kerbrat-Orecchioni 1990, 1992, 1994, 1996, 2005), de la théorie de la politesse (Brown et Levinson 1978, 1987) et de l’argumentation (Amossy 2010, Perelman et Olbrechts-Tyteca 1988, Plantin 1996) mais aussi le concept de la préservation des faces (Goffman 1973ab, 1974) et l’analyse des actes de qualification péjorative (Laforest et Vincent 2004).

La première remarque consiste à dire que la violence verbale suscite la contribution de plusieurs disciplines dans la mesure où les aspects superposés de l’analyse sont multiples et en perpétuelle interaction. Corrélativement, le chercheur trouve une certaine liberté dans ses analyses tout en embrassant les différentes considérations sans restriction, voire censure épistémologique. Comme nous voulons montrer l’intérêt des approches pluridisciplinaires dans la recherche linguistique, la manière de le faire s’impose avec véhémence surtout au niveau de la transposition des approches interdisciplinaires en des outils du travail concret. L’aspect accumulatif des résultats reste la tendance actuelle des chercheurs dans l’absence de considérations plausibles qui réfléchissent dans le tout et non pas dans les parties.

Nous allons illustrer ses contraintes par des exemples tirés de notre corpus sur la violence verbale auprès des utilisateurs des réseaux sociaux pour nuancer de près les différentes contraintes de l’analyse exhaustive qui s’inspire de l’interdisciplinaire et le pluridisciplinaire. Notre objectif était l’innovation dans des univers embrassant plusieurs regards dans le dessein de maximiser les considérations et les affronter avec les autres travaux qui se font dans ce sens. Pour cette finalité, nous avons jugé utile l’approche de Jean Michel Adam pour nous éclairer sur l’inter-discours et son apport dans la genèse de la violence verbale. Pour cet auteur, il a essayé de concevoir une conception multiple joignant plusieurs regards au même temps pour expliciter les différentes réalités du texte. Dans ce sens, il définit sa conception comme suit :

« Dans la perspective pragmatique et textuelle qui est la mienne, un TEXTE peut être considéré comme une configuration réglée par divers modules ou sous-systèmes en constante interaction. Trois plans ou modules (la visée illocutoire, les repérages énonciatifs et la représentation construite ou « monde » du texte) correspondent à l’organisation assurent l’articulation des propositions : la connexité textuelle et l’organisation séquentielle. »11

Le transphrastique était la dimension la plus complexe car le foisonnement des regards est trop riche. Cela a complexifié les approches qui sont restées disparates, voire isolées. Selon l’approche textuelle, nous avons pu voir les cinq dimensions du texte12 et leur interaction. Cette conception textuelle est considérée comme la première tentative à fédérer les différentes approches sur le texte en un travail exhaustif. Le tableau suivant illustre la conception pluridisciplinaire de Jean Michel Adam13

11 ADAM J-M, « Le texte et ses composantes », Semen [En ligne], 8 | 1993, mis en ligne le 21 août 2007, URL : http://semen.revues.org/4341, (consulté le 11/02/2022).

12 Selon Jean Michel Adam, le texte peut être approché selon cinq entrées fondamentales qui définissent son aspect configurationnel à savoir le plan pragmatique, le plan sémantique, le plan énonciatif, le plan stylistique et compositionnel. Ses cinq éléments interagissent pour faire transmettre un monde propre au texte et en harmonie avec d’autres textes.

13 ADAM, J-M., (1999) Éléments de linguistique textuelle, Bruxelles, éd. Mardaga.  


[1] Bellachhab Abdelhadi et Galatanu Olga, « La violence verbale : représentation sémantique, typologie et mécanismes discursifs », dans Signes, Discours et Sociétés : La force des mots : les mécanismes sémantiques de production et l’interprétation des actes de parole “menaçants, mise à jour le 30 juillet 2012, http://www.revue-signes.info/document.php?id=2893. ISSN 1308-8378, (consulté le 25/01/2022 à 20h00). 

Texte
Configuration pragmatique ASuites de propositions B
Visée illocutoire A1Repérages énonciatifs A2Cohésion sémantique A3Connexité   B1Structure compositionnelle B2

L’approche textuelle a pu mettre plusieurs éléments au même temps pour expliquer les différentes caractéristiques du langage violent. Pour illustrer notre conception, nous allons émaillée notre analyse avec des exemples tirés de notre corpus pour voir à quel point le regard pluridisciplinaire est assez riche en données et rendements.

Le plan pragmatique

Nous proposons l’échantillon suivant pour illustrer le concours des cinq regards pour la bonne compréhension de la montée en tension.

  • « Si le principal souci du conseil d’état est Tarik Ramadan, on est mal, très mal. Combien a coûté ce rapport déjà ??? »
  • « Comment un gouvernement est-il habilité à se substituer au processus judiciaire ? »
  • « Oh purée, quel homme, il ne donnait pas des conférences sur comment se comporter par rapport à l’enseignement religieux ? »
  • « Si au Vatican e partout d’ailleurs aux églises y a la pédophilie et le scandale sexuel pourquoi pas inquiéter ces gens-là ? »

La dimension pragmatique tire au jour une autre face occulte du langage violent. Nous constatons les principales formes de l’acte menaçant qui se manifeste à travers les autres actes qui convergent vers des propos déplacés à même de susciter une montée en tension verbale. Quand le langage cherche à dépeindre la réalité ou à agir sur elle, le contenu propositionnel avec sa force illocutoire dessine l’autre face de l’information. Le récepteur en tant qu’agent intelligent mobilise toutes ses capacités linguistique et culturelle pour saisir au-delà du langage. Les actes assertifs nous aident à vérifier la fréquence des énoncés qui contiennent des forces illocutoires d’assertion dans le discours violent. En fait, les interactants ont explicité leur point de vue au moyen des énoncés qui illustrent un état de choses. De même, la dimension assertive, dans le corpus, demeure pour les participants un moyen de réguler le principe d’exprimabilité. Pour les actes expressifs, nous relevons des caractéristiques de la violence verbale à travers des énoncés qui emploient l’emphase pour préciser le destinataire. Le jeu de « vous » et de « tu » sème des contraintes culturelles qui durcissent le ton et accentue le langage invectif. De surcroit, les actes promissifs ont révélé des engagements postérieurs qui interpellent des principes de véracité conditionnelle. L’interactant dessine son propos dans la logique de l’éventuel et de l’envisagé. Nous avons souligné l’apport de ces actes dans la régulation continue qui caractérise l’échange dans le sens où l’acuité des messages permet à d’autres participants à employer la force illocutionnaire promessive pour adoucir et atténuer le ton. En plus, quand bien même les actes permissifs dessineraient une distance entre l’émetteur du message violent et son propre message, ils permettraient de projeter la visée illocutoire au probable et non pas au certain. Cette brève analyse a montré par le rôle des actes interrogatifs dans le déclenchement du dérapage verbal. Nous pouvons voir aussi à quel point le principe de coopération entre les participants contribue à l’accomplissement de l’information. Quelques commentateurs adressent des actes interrogatifs pour inciter les autres à engager l’information en donnant le contenu manquant. Le fait de diriger la discussion dans un sens précis par l’enjeu interrogatif reste un subterfuge pour communiquer les idées et aussi cheminer la réflexion vers les déductions escomptées. Dans ce sens, nous avons pu constater que parfois les paires dialogiques se bouclent dans d’autres bulles conversationnelles loin de la conversation mère.

 

Le plan sémantique

À la suite de l’utilisation du logiciel TROPES14, nous soulignons que les données qu’il nous a offert sont de deux types : acté et actant. Le premier type répertorie les données d’analyse de discours suivant le paramètre de celui qui a fait l’action (avant le verbe), alors que le deuxième type répartie les données selon le paramètre qui a subi l’action (après le verbe).

Le niveau actant

Rectangle

Les graphes de la lexicométrie montrent des corrélations occultes au regard du chercheur. Cela entretient une communication inhérente aux autres dimensions sémantiques relatives aux autres thèmes. L’approche textuelle permet de mesurer avec des données quantitatives les relations des entités avec d’autres entités enregistrées dans la base de données du logiciel.

Rectangle

Le niveau acté

Le schéma heuristique ci-dessus montre le thème général, à savoir, le droit et justice qui interpellent un flux de termes et débouchent sur des sous thèmes divers et hétérogènes. L’interactivité violente que nous étudions dans le corpus émane de l’intersection des rôles qu’occupent les personnes au sein de la société. Le thème fédéral des discussions dessine les contours de l’arsenal des valeurs que défend la France présentée par ses concitoyens. Enfreindre les codes peut générer des mésententes au sein des membres et cela concourt vers des propos violents qui reprochent aux infracteurs leur incivilité.

14 https://www.tropes.fr  

Le plan énonciatif

Sur le plan énonciatif, nous remarquons l’engagement de l’énonciateur dans les propos violents dans le sens où ceux-ci mobilisent des systèmes linguistiques spécifiques. L’ensemble des commentaires sont ancrés dans la situation d’énonciation et cela est dû au caractère conversationnel. En plus, nous notons la présence d’un panel d’embrayeurs et déictiques qui illustrent l’implication des interactants dans leurs énoncés. L’échange verbal se distingue par une énonciation directe qui cherche à attaquer pour s’imposer. À partir de l’étude des adverbes d’intensité, nous relevons le degré de subjectivité des participants par le choix qu’ils ont faits de quelques expressions qui accentuent le degré de leur complicité avec les idées et les idéaux qu’ils plaident. Nous ajoutons que l’apport des phrases oratoires a mis au grand jour la visée argumentative. De même, nous remarquons que les propos échangés sont violents mais ne sont pas grossiers. Notre corpus ne contient aucune expression péjorative directe, toutefois les allusions grossières et les insinuations font légion.

Le plan stylistique

  • « Quel saint homme …Ses soutiens vont encore crier au complot .. un type qui tente d’abuser d’une gamine de 14 ans c’est un pédophile »
  • « Oui mais c’est permis par sa religion il paraît…+•  »
  • « Certainement des juifs qui accusent!! »
  • « qu il aille exercer ses fantasmes en arabie saoudite la bas tout est permis , viol , lapidation , pédophilie , le pays des libertés , c est ce qu il defend non ???? »
  • « Le Saint Homme appliquait il, ainsi ,les sourates à la lettre? »

La forme stylistique concerne l’intention du locuteur à frapper l’imagination de son récepteur par divers procédés discursifs. Le décalage entre la réalité et la configuration s’avère un outil qui nous interpelle moult fois dans notre étude des caractéristiques du discours violent. En fait, si expressive que soit l’expression invective et si peu que le locuteur puisse expliciter son intention, la violence verbale peut émerger d’un emploi stylistique soutenu moyennant des figures rhétoriques. De même, l’étude syntaxique pourrait nous révéler quelques secrets sur les stratégies de mise en évidence des syntagmes. Chambouler les places des constituants immédiats pourrait être l’une des prémices d’une montée en tenson verbale dans le sens où tous les indicateurs formels concourent vers la réalisation de la visée du locuteur. Il importe d’ajouter que la rhétorique des énoncés explicite le texte en tant que configuration selon les termes de Jean Michel Adam. La transposition du signifiant au signifié enfreint le passage par le référent selon la composition du triangle sémantique pour embrasser le sens figuré. L’essence de la connotation vient du décalage entre le sens propre et la signification imagée. En effet, notre intention, dans la partie stylistique, est d’analyser l’apport du sens connotatif dans l’embrasement du discours violent. L’étude des figures de style dans notre corpus nous aide aussi à examiner la composante formelle soutenue et sa valeur ajoutée dans le transfert des propos violents.

Le plan compositionnel

  • « Quel saint homme …Ses soutiens vont encore crier au complot .. un type qui tente

Thèse    Argument 1                                     Argument 2

d’abuser d’une gamine de 14 ans                      c’est un pédophile »

Exemple                                                               Conclusion

  • « Oui                   mais                 c’est permis par sa religion                     il paraît…+•  »

Le plan compositionnel nous aide à nous intéresser à la structure textuelle des énoncés. Nous constatons que les agencements ne sont pas aléatoires mais ils s’organisent dans des gaines discursives qui conjuguent les idées vers des séquences précises appartenant elles aussi à un canevas prototypique supérieur du texte. Notre analyse montre l’hégémonie des séquences argumentatives sur les autres types de séquences. L’échange violent est construit sur la mise en œuvre d’un ensemble d’arguments qui peuvent embrasser toutes les typologies. Les séquences descriptives et narratives perdent leurs caractéristiques propres au récit pour devenir des arguments au service de l’argumentation.

Conclusion

Fondamentalement, plusieurs questions autour de l’éthique et la faisabilité s’imposent au fur et à mesure que le chercheur attaque le terrain de la recherche. Une véritable procédure scientifique ne peut se passer d’un rapprochement à la pluridisciplinarité, voire à l’interdisciplinarité qui demanderait vraiment que chacun quitte un peu une partie de son approche pour fédérer avec celle des autres une approche commune. Ainsi, progressivement, nous pouvons nous rendre compte que les outils d’analyse offerts par les sciences du langage, ne peuvent suffire à comprendre l’engouement heuristique et la complexité du langage et de ses faits abscons. En revanche, l’étude d’un objet de recherche dans toute sa complexité et sa diversité a montré à quel point les disciplines sont contraintes par les méthodologies et les pratiques interdisciplinaires. D’où l’intérêt d’un travail collectif au sein des équipes à même d’agir ensemble pour une perspective pluridisciplinaire complémentaire. L’objectif pour les sciences du langage et de tendre ses pans aux autres disciplines pour ressourcer son arsenal et explorer d’autres pistes de recherche insondables.

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